La nuit est tombée.
Las! La nuit est tombée sur ce monde et c'est maintenant dans les ténèbres que nous luttons encore contre les terreurs de la nuit et les choses sorties des abysses. Les démons ont rassemblés leurs sinistres artefacts et tout notre courage, toute notre excellence tant que notre courage n'y ont rien pu.
On se souviendra longtemps encore du formidable et désespéré assaut contre cette caricature de jardin de Babylone. Ils étaient tous la, nous, bien sûr, avec Marsios le preux, gregotoa le brûlant et ses flottes craintes dans toutes les archipels, Larrytmétique le stratège, Rocco, le centaure du Sud, Les gardiens légendaires et les sombrelames qui traversèrent la moitié du continent et, bien sûr, la toute nouvelles Alliance de la Lumiere, venus aux combats entourés de leurs prêtres qui chantaient des litanies, tant leur tenait à cœur cette guerre du bien contre le mal. Ils méritaient leur nom pour avoir par deux fois détruit les espoirs ennemis et repoussaient l'échéance...
La défaite était écrite d'avance, bien sûr. Mais celà, chacun le savait, chacun savait que ne pas se battre eut été la pire des hontes et que, malgré la disproportion des forces, ne rien faire eut été une preuve de faiblesse. Mieux valait périr dans la lumière que se cacher dans les ténèbres, ou pire, que de se perdre dans la masse et l'obscurantisme comme l'avaient fait ceux qui avaient rejoint, par faiblesse, l'empire.
Combien de guerriers périrent? Combien de flottes sombrèrent a jamais, broyés par les vagues, éperonnés par des birèmes vermoulues sortant des flots porteuses de leurs tombereaux de morts-vivants? trop pour que les mères, les épouses, les sœurs aient suffisamment de larmes pour les pleurer tous.
La nuit était tombée maintenant, éternelle, et plus rien ne pouvait changer celà. Nous avions lutté de la plus belle manière que nous le pouvions, à force de volonté et de courage, et malgré les dissensions qui nous avaient certainement perdues, malgré la langueur qui s'était emparé de certains, nous n'avions pas à avoir honte de notre parcours. Nous nous étions chacun battu sous notre bannière, portant fièrement les armes de nos citées, de nos alliances, nous opposant au bloc informe et insane de nos ennemis, aux poisons de leurs armes comme de leurs paroles.
Et nous avions été vaincu.
Les dieux étaient rudes, mais tels était leur choix et peut être nous punissaient-ils de notre manque de ferveur, peut être aussi se disposaient-ils à nous laisser une nouvelle chance dans le monde à venir, une chance, qu'il nous faudrait saisir.
Le temps était venu, en tous cas de poser la plume et de se retirer dans nos forteresses pour livrer nos derniers combats, pour ne tomber vraiment que lorsque nous n'aurions plus la force de nous battre, pour ne tomber que lorsque l'encens n'embaumera plus nos temples et que la beauté aura quitté nos esprits.
Ca y est, j'entends du bruit non loin des remparts, déjà les premières bandes de maudits, portant la bannière de peau humaine de l'empire des ombres s'approchent. Leur odeur, abject est reconnaissable entre tous. Posons la plume et prenons la lance, caressons du regard la vieille et glorieuse bannière Agora, la rosace qui naquit à l'aube du monde en mer 46 et que les dernières lumières lunaires baignerait encore jusqu'à la fin du monde. Bientôt, elle flotterait de nouveau.
Eschyle,
Porte parole d'Agora