[Récit] Le roi Minotaure

  • Auteur de la discussion Ombre Colorée
  • Date de début
Statut
N'est pas ouverte pour d'autres réponses.

DeletedUser

Guest
LA POURSUITE NUAGEUSE

[SPR]…ne jamais y arriver. Elthalion avait l’impression que cette histoire durait depuis des lustres, pire, que tout ce qu’il avait vécu avant son entrée dans le labyrinthe n’était qu’un rêve. Alors que depuis l’emprisonnement du roi, combien de temps s’était il écoulé ? Deux ou trois semaines subjectives au plus. Il était surtout fatigué d’être bringuebalé d’un complot à l’autre. N’y avait il nulle part en ce monde de gens simples, sans arrière pensée, aux motifs clairs, sans triple-jeu derrière toute action, et surtout, qui les aideraient spontanément ?

Visiblement non.

Ils campaient dans une forêt, se reposaient entre deux voyage, le roi et la reine discutaient entre eux. Elthalion aurait bien voulu s’endormir, hélas, la reine pour parler était bien contrainte d’user sa bouche. De même que pour embrasser le roi d’ailleurs. Cela ne semblait déranger ni l’un ni l’autre d’utiliser un corps qui ne leur appartenait pas pour ça. Ils avaient heureusement eu la décence jusqu’à présent de ne pas aller au-delà du baiser.

__ Nous voyions en l’empereur-Dragon la seule menace d’envergure, disait la reine. Les cités de Falaï nous avaient été présentées comme puissantes, mais seulement une fois unies, nous n’avions aucune idée de ce qu’il en était réellement. Il s’avère en définitive que le Dieu doré risque d’être un adversaire aussi redoutable que l’empereur-Dragon. Quant au Syrménon, s’il semble nous avoir aidé, il doit avoir lui aussi ses propres arrières pensées. Nous allons devoir faire preuve de beaucoup de prudence lors de nos prochaines rencontres.

__ Je nous croyais assez forts pour affronter n’importe qui, grommelait le roi qui sans son casque perdait beaucoup de sa superbe, ressemblait simplement à un adolescent bougon. J’ai fais montre de trop d’arrogance. Tu as raison mon amour, nous allons devoir être davantage sur nos gardes. Demain nous atteindrons Shive. L’accueil qui nous sera réservé nous avertira immédiatement de quel genre d’intérêt on nous porte. En attendant, reposons nous. Nous avons besoin de toutes nos capacités pour faire face à ces nouveaux dangers.

Elthalion ne put que saluer la bienveillance de son illustre roi. Ils dormirent fort heureusement, chacun dans leur couche.

Ainsi parvinrent ils au matin, devant la quatrième cité de Falaï, Shive. Ils ne comprirent pas tout de suite où elle se trouvait exactement. Un panneau annonçait avec une fierté qui leur sembla pour le coup déplacée qu’ils se trouvaient bien face à Shive, mais devant eux, nulle ville.

Seulement un volcan. Et un volcan bien particulier, car au lieu de se gorger de souffre et d’expulser de la lave, il vomissait de l’air. On disait de lui qu’il était la source du vent, que tous les vents du monde naissaient en sa gueule béante. Cela semblait légèrement exagéré.

On pouvait s’amuser à sauter dans le volcan. On était alors propulsé par le jet d’air continu et connaissait la joie de léviter à plusieurs centaines de mètres du sol. Hélas, le seul destin qui nous attendait alors était la mort : soit par soif, soit en sortant du champ du volcan, s’écrasant par terre. Car il n’y avait pas d’autre moyen de se tirer du volcan une fois dans les airs. La plaine alentour était ainsi jonchée de squelettes brisés et de cadavres plus récents, des malheureux qui avaient appris malgré eux à voler, très brièvement.

Tout autour du volcan, on trouvait sinon des corps broyés, des ancres. Curieux spectacle que ces centaines d’ancres énormes, pesant chacune plusieurs tonnes, posées en pleine terre, loin de la mer. Elles étaient chacune reliée à une chaine qui tendait droit vers les nuages. Et pour cause !

Car, surfant sur le coussin d’air que formait le volcan, maintenue au sol par ces centaines d’attaches, Shive était une cité céleste faite de bois, d’osier, et de tissus, pleine de voiles, de ballons multicolores et de fanions. Des trous dans le premier plancher laissaient passer l’air expulsé par le volcan et permettait une sorte d’ascenseur très doux. Les habitants avaient appris à dompter l’air et le détournaient pour qu’il sorte par certains tuyaux horizontalement, de telle sorte qu’il pousse de petits chars à voile, moyen de transport rapide pour traverser la cité. On accédait à la ville en grimpant dans un dirigeable.

Les habitants étaient vêtus chaudement, car il faisait froid à une telle altitude. Leurs vêtements étaient bien particuliers. C’étaient des robes molletonnées une pièce, serrées au cou, aux poignets, aux hanches et aux talons, pour empêcher l’air de s’y infiltrer et de les gonfler. Une pièce de tissu en quart de cercle rejoignait les mains et les pieds, formait ainsi des ailes une fois qu’ils écartaient les bras. Ils pouvaient alors se lancer dans les courants d’air et voler comme des oiseaux, se diriger selon leur bon plaisir, tant qu’ils restaient dans le champ d’air du volcan. Ils portaient tous des bonnets ronds dans lesquels ils emprisonnaient leurs cheveux pour ne pas que ceux-ci se décoiffent.

Il se dégageait de cette cité une vive impression de liberté. Mais aussi un grand mépris, envers ceux qui n’en étaient pas originaires et ne savaient pas voler. Ce fut peut être en manifestation de ce mépris que le roi Minotaure ne fut pas reçu avec autant d’attention que pour les fois précédentes. A dire vrai, il ne fut pas reçu du tout.

Tandis qu’ils attendaient de trouver quelqu’un pour les mener aux chefs de la cité, Elthalion grelotait. Ses vêtements étaient taillés pour le climat de leur pays, pas pour celui-ci. Il avait eu trop chaud à Oriatia, et trop froid ici. La reine bien sûr ne sentait rien, elle était bien confortablement assise dans sa tête. Le roi quant à lui, avec son corps insensible de minotaure, faisait fi des changements de climats en demeurant presque nu. Elthalion et la reine lui avaient fait remarquer que ce n’était pas l’accoutrement d’un roi, mais ce dernier avait été catégorique. Sans doute la nature du minotaure qui était en lui répugnait à trop s’habiller.

Elthalion ne parvenait pas à envier les Shivites. Certes ils pouvaient voler – et combien il en avait rêvé ! Mais ils avaient conçu une telle aversion pour le sol que la majorité d’entre eux ni étaient jamais descendus. Pour eux, le monde n’était qu’un paysage lointain étalé comme une carte. Et puis, le tressage d’osier qui servait lieu de plancher lui paraissait un bien mince rempart entre le sol et lui. Il y avait certes le volcan mais ce n’était pas pour le rassurer. Il ne savait pas voler, lui.

Après des tractations ardues avec un homme au double bonnet rond rouge, le roi parvint à se faire mener à l’Airmestre Heifara. Ils pénétrèrent dans un gigantesque ballon qui dominait la ville. Il était entouré d’un grand trou dans le plancher d’osier, de telle sorte que les courants d’air y étaient puissants. C’était là que tous ceux qui voulaient s’amuser se rendaient, et rivalisaient en pirouettes aériennes pour impressionner la galerie. La nacelle du ballon au centre, grosse comme un galion, était pourvue de fenêtres rondes en son pourtour, permettant de ne rien manquer du spectacle permanent. Elthalion remarqua qu’on avait aussi une vue magnifique sur la ville et toute la région qui s’étendait en contrebas. Impossible de s’approcher du volcan sans être repéré, sauf en pleine brume.

L’Airmestre Heifara était un grand bonhomme très fin portant le même genre de robe que les autres Shivites mais en plus riche, et avec un bonnet à trois ronds bleu. Elthalion ignorait si la taille, la forme et la couleur des bonnets donnaient une indication sur la hiérarchie sociale. En tout cas, ils en donnaient sur le goût des habitants, car ils étaient franchement hideux. En comparaison, les citoyens d’Irmine étaient tous vêtus avec bien plus de style.

L’Airmestre n’avait pas l’air franchement heureux de les voir non plus, d’où visiblement sa réticence à les rencontrer.

__ Seigneur des Labyrinthes, dit-il d’une voix caverneuse, tout le monde ne parle plus que de vous. J’entends par là, tous les chuchoteurs, les comploteurs et les marchandeurs de volonté. Vous trainez dans votre sillage un nuage d’espions, de profiteurs en tout genre et d’assassins. Vous n’avez pas idée je suppose, du nombre de gens qui sont morts depuis votre entrée à Oriatia.

Il souleva un sourcil fin et accusateur. Ses yeux étroits et froids étaient plein de mépris.

__ N’est ce pas ? Aucune idée du chaos que vous avez engendré par votre seule venue. On surnomme les cités de Falaï, les cités « querelleuses » et c’est bien vrai. Il surgit toujours à un moment ou un autre un sujet de discorde, prétexte à de nouvelles guerres. Cela faisait trente ans que nous vivions dans une paix bienvenue. Même la menace d’Indrianée n’avait pas réussi à la briser. Mais vous soulevez bien des convoitises.

C’était là pour le moins une entrée en la matière violente. Le roi accusa rapidement le coup.

__ C’est ce que j’ai cru comprendre, intervint le roi, et vous me voyez navré si je vous ai causé quelque tracas, là ne fut jamais mon intention, ni mon intérêt. Quant à tous ces morts que vous me narrez, j’avoue demeurer perplexe, je n’en ai vu aucun.

__ Tout cela se joue dans l’ombre, seigneur des Labyrinthes. Les espions d’une dizaine de nations sont sur vos traces, certaines ne demeurant même pas sur ce continent, sans compter les agents de chaque seigneur, chaque grand noble, tous les riches marchands, qui flairent le bon coup. Pour affaiblir le rival, et garder la prépondérance de l’information, les espions s’entretuent. Des assassins sont lancés pour les tuer, et d’autres assassins dépêchés pour tuer les assassins. Certains assassins ont même pour mission de vous tuer, vous seigneur des Labyrinthes, par peur du chaos total que vous êtes en train d’engendrer et qui ne peut aller qu’en empirant. Je vous avouerais en avoir lancé moi-même plusieurs pour cette tâche, ainsi que le Lumineux de Selvition. Mais le Dieu doré d’Oriatia et le Syrménon d’Irmine ont cœur à vous garder en vie.

Il avait remarqué le geste d’Elthalion vers son épée. Il y réagit par une moue de dégoût.

__ Rassurez vous, j’ai renoncé à débarrasser le monde de votre présence. Vos protecteurs me le feraient payer bien trop cher, si je leur ôtais leur jouet. Je préfère la voie de la diplomatie, aussi vous prévins je sur le champ : partez ! D’où que vous veniez, retournez y au plus tôt, maintenant ! Quittez Falaï, qui n’a que faire de votre quête risible contre l’empereur-Dragon.

__ Pourquoi ne craignez vous pas l’empereur-Dragon ? demanda la reine par l’intermédiaire d’Elthalion. Il pourrait pourtant brûler votre cité de toile aussi rapidement que l’on souffle une bougie. Vous êtes les seuls à lui disputer le ciel où il est partout ailleurs maitre.

__ Il faudrait déjà qu’il arrive à battre des ailes aussi haut, rétorqua d’un ton cassant l’Airmestre. Et il serait bien incapable de transporter ses soldats uns à uns sur son dos jusqu’ici. Quand bien même, il nous suffirait de couper les amarres et de nous envoler jusqu’à la Lune. Non, nous ne craignons pas le terrible dragon.

__ Je vous remercie de nous avoir reçu, grinça le roi Minotaure. Nous réfléchirons à votre mise en garde.

__ Vous feriez mieux en effet, claqua Heifara en leur désignant la sortie. J’en ai assez de nourrir dans ma cité les cohortes d’espions et d’assassins qui attendaient votre venue depuis des jours.

Ils quittèrent le ballon. Le Syrménon d’Irmine avait au moins dit vrai sur deux choses : beaucoup de gens s’intéressaient à eux, et peu les accueilleraient avec autant de politesse que lui. Elthalion regardait les gens qui l’entouraient avec un œil nouveau. Il tentait de percer à jour les déguisements, de repérer les espions et les assassins. Dire qu’il ne s’en était même pas douté ! Ils pensaient bien que quelques espions les suivraient pour renseigner les seigneurs des cités, mais autant ! Certains venaient même d’un autre continent ! Incroyable, comment l’information avait elle pu circuler d’aussi loin ? Il découvrait vraiment que le monde était plus grand qu’il ne l’aurait imaginé, et oh combien plus tortueux.

La cité volante lui apparaissait comme un piège terrible désormais. Il n’y avait pas de meilleur endroit pour les éliminer. Il suffisait de les pousser dans le vide.

Comme ils concevaient ces angoisses, elles semblèrent prendre consistance. Le roi perçu une perturbation dans l’onirisme. Quelque chose d’étrange approchait, particulier et menaçant. Il se retourna.

Il y avait un homme en face de lui. Grand et osseux, il était vêtu comme un Shivite, avec robe brune et chapeau rond simple. Il avait la bouche entrouverte. Il semblait murmurer quelque chose. Son regard était braqué sur le roi, exprimait une sorte de profonde fascination.

__ Aaah, fit l’individu. Hum.

__ Ecartez vous, cria le roi à Elthalion en se plaçant devant lui comme bouclier.

Le capitaine voulut protester car c’était son rôle à lui de protéger le roi, puis il comprit que c’était la reine dans sa tête que le roi voulait préserver.

L’homme fit un pas en avant. Son regard vacilla et se fit soudain sérieux. Il se ramassa brusquement sur lui-même et évita ainsi un carreau d’arbalète qui l’aurait décapité. Celui-ci traversa carrément le plancher d’osier et l’air surgit du trou en sifflant. Avec une vitesse et une souplesse de guépard, l’homme traversa le court espace qui le séparait d’une maison et disparu à l’intérieur. Il y eut des bruits de combat dont tous ne semblaient pas physiques. L’air vibrait.

En réalité, la structure même de l’univers aux environs de l’individu se déformait. C’est ce qui avait tant inquiété le roi. L’homme était comme un trou noir, il aspirait non la matière mais l’imaginaire qui se trouvait à portée. Il était entouré d’une aura de flou, telles les vapeurs du Soleil dans un désert brulant.

Elthalion aussi l’avait remarqué. Il ignorait quel genre de créature pouvait être cet homme, mais il doutait sérieusement de son humanité. Il en avait une peur instinctive, animale. Etait ce type d’assassins qu’on avait envoyé contre eux ?

L’homme déchira la toile de lin qui servait lieu de mur à la maison. Il roula sur lui-même et se rétablit quelques mètres plus loin. Il ne prêtait aucune attention au roi et à Elthalion, comme s’ils étaient quantité négligeable. Toute sa perception était tournée vers la maison. Elthalion et le roi avaient sorti leur épée. Qu’allait il surgir de la maison ?

D’autres carreaux d’arbalètes vrillèrent l’air. De la brume noire filtra de la peau de l’homme étrange et les avala. Des projectiles divers continuèrent de pleuvoir sur lui ; couteaux de lancée, boules de piques, fléchettes empoisonnées et milles choses dont Elthalion n’aurait même pas pu concevoir l’existence. Le nuage obscur qui émanait de l’homme s’épaissit et s’agrandit pour les avaler toutes.

Puis quelque chose explosa à ses pieds. L’homme et sa vapeur furent avalés par le sol, dont le plancher avait été déchiré. Elthalion n’avait pas eu le temps d’agir et encore moins de comprendre ce qui s’était passé. Tout s’était déroulé bien trop vite.

Un autre homme sorti de la maison. Il avait le teint excessivement bronzé, ce qui l’excluait comme habitant de Shive, bien qu’il en portât les vêtements traditionnels. Il souri et fit un geste d’apaisement en direction d’eux.

__ Du calme, seigneur des Labyrinthes, je suis de votre coté.

Il avait un drôle d’accent.

__ Vous faites partie des assassins chargés de notre « protection », déduit le roi avec méfiance.

__ En effet, ah ! telle est ma mission, ria l’homme. Je ne suis pas censé vous parler, cependant pour la mener au mieux il m’a semblé nécessaire de vous mettre en garde.

__ Les gens ces derniers jours ont passé leur temps à nous mettre en garde contre mille et un dangers, répliqua Elthalion d’un ton dur.

__ Fort bien ! c’est une sacrée bonne chose, un homme averti au vaut deux comme on dit.

__ Qu’était cette créature ? demanda le roi en désignant le trou d’air vibrant.

__ Sans aucun doute le pire de tous vos poursuivants. C’est le Dévoreur, un être que je poursuis moi-même depuis longtemps et de très loin. C’est une créature sans rêve qui se nourrit de l’imaginaire des autres. Un vampire onirique si vous voulez, un vampirique. Oh ! il n’est pas mort, même après une telle chute, s’il n’est pas increvable il fait preuve de capacités de résistances foudroyantes.

__ Qui vous envoi ? demanda le roi.

__ Cela, je ne peux pas le dire, s’esclaffa l’assassin étranger. Mais ne vous inquiétez pas, je suis parmi les meilleurs de mon domaine. Oh, je conviens que le combat que vous venez de voir était un tantinet tape à l’œil. Mais face au Dévoreur, on ne peut pas faire dans la dentelle. J’ai éliminé d’autres poursuiveurs de façon bien plus discrète.

Il sourit de satisfaction, comme s’il attendait des remerciements ou congratulations.

__ Il y a d’autres personnes chargées de notre « protection » ?

__ Oui mais j’en ai tué certains, ne m’en voulez pas. On n’est jamais sûr de leur ordre de mission. Ils peuvent vouloir vous protéger un moment et vous tuer à un autre. Alors autant les tuer tout de suite.

__ Ou bien ils pourraient vouloir nous protéger tout le temps ce qui vous empêcherait de nous tuer au moment propice, répliqua la reine d’un ton acerbe.

__ Ah oui ? Non, rassurez vous, croyez moi ou pas c’est votre vie ! mais je n’ai pas pour ordre de vous tuer, bien au contraire, j’ai la mission expresse de vous garder en vie. Cependant, ne trainons pas trop ici, voulez vous, comme vous l’avez constaté ce stupide plancher se trou très facilement, quelle idée de le faire en osier. J’ai préparé à votre intention un petit dirigeable qui vous ramènera sur le digne plancher des vaches – les pauvres passeraient au travers de celui-ci. Et pour empêcher la petite centaine d’individus en tout genre – monstres compris – lancés à vos trousses et qui sont planqués dans cette ville, je vais organiser une diversion. Vous devriez avoir le temps d’atteindre votre objectif suivant sans encombre, quel qu’il soit. Je vous rejoindrais plus tard.

__ Le Dévoreur est déjà en bas, rappela Elthalion.

__ Bien vrai ! convint l’assassin. Toute gelée brumeuse de cauchemar qu’il est, il lui faudra cependant quelques heures avant de se remettre de ses émotions. Il massacrera quelques paysans ou pauvres voyageurs pour la peine, oubliera ce qu’il faisait avant cela et le temps qu’il s’en souvienne vous serez loin. Restez toutefois attentifs aux déformations dans l’onirisme qu’il projette. Dès que vous en sentez une, courrez ! Fuyez aussi loin que possible. Un Dévoreur ne se combat pas sans être sérieusement entrainé.

__ Vous semblez avoir une dent particulière contre lui, dit Elthalion qui commençait à le trouver sympathique.

__ Le pays d’où je viens et qui se situe au-delà de l’océan n’est plus qu’une terre sans rêve plongée dans la folie. Conséquence du passage du Grand Dévoreur, le plus puissant des vampiriques. Ceux qui ont survis à la folie se sont fait comme moi un devoir d’en débarrasser le monde. Maintenant, partez !

Il les escorta jusqu’au petit ballon quatre places qu’il avait caché derrière un entrepôt. Une fois dedans, il poussa le ballon qui surfa un moment grâce à ses ailes et ses voiles sur un courant d’air. Ils n’avaient aucune idée de comment la chose se manœuvrait, aussi se laissèrent ils portés par le vent. Ils volaient ! Mais Elthalion ne parvenait pas à en ressentir de la joie. L’angoisse de la chute lui tenaillait le ventre. Il guettait le sol à la recherche de la masse noire terrible du vampirique. Ils étaient déjà bien loin de Shive quand ils comprirent ce que leur protecteur attitré entendait par « faire diversion ».

Shive brulait. Cité de toile et de bois léger, le feu y était proscrit. On combattait les incendies par une violente bourrasque de vent projetée via des tubes prévus à cet effet et qui soufflait les flammes. Mais ce ne semblait pas suffisant pour éteindre l’incendie qui ravageait la cité.

Une explosion mauve secoua la ville. Un ballon plein d’un gaz étrange avait été dévoré par les flammes. Des cris horribles se propageaient là bas. Sans aucun doute, le nombre de leurs poursuivants tomberait drastiquement. [/SPR]

Se rapprocherait on du dénouement ? En théorie, plus que 4 chapitres ^^
Trouveront ils enfin des alliés pour les aider dans leur quête ? Ou n'iront ils que d'ennemis en ennemis ? Le roi Minotaure prendra t-il enfin conscience de l'énorme pouvoir dont il dispose ? Tout ceci vous le découvrirez dans le prochain chapitre : la cité labyrinthique... après 5 commentaires :p
 

DeletedUser

Guest
Un texte digne de toi... Imaginatif, et j'aime bien la ville.

Bon c'est toujours compliqué...
 

DeletedUser

Guest
Si je faisais trop simple le récit perdrait tout son intérêt ^^'
 

DeletedUser22179

Guest
Un après midi pluvieux...Une envie de découvrir tes textes...je m'y suis donc mis...C'est génial ! :D
J'ai également eu l'impression d'arriver en cours de route de l'histoire,mais c'est superbe !
J'attends la suite :p
 

DeletedUser

Guest
Merci, ça fait plaisir un nouveau lecteur ^^

Il va falloir que j'écrive la suite si ça continue.
 

DeletedUser

Guest
Vous voulez connaitre l'origine des labyrinthes ?

:eek:

Je vais vous la révéler :

labyrinth.jpg


Encore 3 messages pour la suite n_n
ça vous intéresse pas ?
 

DeletedUser

Guest
nouveau lecteur

Après avoir lu tous les chapitres d'une seule traite, je me suis dit qu'il fallait absolument que je lise la suite. Revenant plusieurs fois sur ce sujet dans la semaine, j'ai constaté avec dépit que je ne pouvais toujours pas lire la suite par manque de commentaire. Je me suis donc résolu à m'inscrire sur le forum pour pouvoir écrire un commentaire et faire avancer le chmil blic.
N'étant pas un très grand critique littéraire je resterai simple. J'ai été passionné par l'imagination que tu as pour créer de tel récit, l'histoire est pleine de rebondissements, on a du mal à voir comment va arriver la fin. Tes idées de cités sont aussi très imaginatives, je regrette simplement le manque de détail qui nous aurait presque permis de la voir devant nos yeux. De tel cités doivent certainement aussi déteindre sur le caractère de leurs habitants.
J'espère aussi que la prochaine rencontre entre le roi Minotaure et le maitre de la cité soit un peu différente des précédentes car si les cités sont toutes époustouflantes, leurs maîtres se ressemblent profondément dans leur discours.
L'impatience me tenaille, je t'implore de diffuser ton prochain chapitre pour un nouveau lecteur charmé par ton récit.
 

DeletedUser

Guest
Je te remercie de ce commentaire qui a en plus le mérite immense et fabuleux d'être riche de critiques.

Concernant le manque de détail, c'est ici un format de l'histoire adapté aux lecteurs de ce forum. J'ai imaginé bien plus de détails que cela à propos de ces cités, rien qu'Oriatia la ville dans la falaise j'aurais pu écrire 20 pages dessus et que dire d'Irmine la montagne de palais engloutis... Mais je sais mes lecteurs des environs avides de bons textes qui se lisent vite, facilement, et qui ne s'endorment pas dans les détails. J'ai posé parfois les caractères endémiques des habitants : les citoyens joyeux d'Oriatia, les méprisants de Shive, et dans les fiches que je fais pour écrire mes récits, toutes les cités avaient leurs particularités, encore une fois je ne me suis pas appesanti dessus pour ne pas que mes lecteurs décrochent avant la fin ^^

Concernant la répétition des discours, j'en ai malheureusement conscience, je l'ai constaté à mon grand dépit alors même que j'écrivais le récit, mais je n'ai pas trouvé comment faire autrement. C'est peut être subtile, mais si leurs discours tendent vers la même direction, ils ont chacun un but propre, pas toujours révélé. Le prochain devrait cependant en tenir un tout autre qui j'espère vous surprendra un peu ^^

Là encore sur la description de la prochaine ville j'aurais pu écrire plus mais si c'est indispensable à l'échelle d'un véritable roman, ça ne me semble pas particulièrement nécessaire pour un récit de forum. Un jour peut être je réécrirais tout en développent le décor et les personnages.

Vous pourrez en juger par vous même puisque, pour te récompenser de ce commentaire, voici la suite :

LA CITE LABYRINTHIQUE

[SPR]… jour après jour. Rien ne changeait à leur situation. Vagabonder sur les routes n’était pas digne d’un roi. Roi mendiant oui… Cela, le roi Minotaure ne l’acceptait pas du tout. La rage bouillonnait en lui. Il n’avait plus qu’à attendre ce moment terrible où il ne se retiendrait plus et massacrerait tous ses opposants. Comme cette nuit là, au château. Qu’ils le sous-estiment donc comme l’avaient fait les rebelles ! Qu’ils envoient contre lui leurs espions, leurs assassins ! Mais s’ils espéraient le manipuler, ils seraient déçus. Il allait reprendre en main son destin. Cela faisait trop longtemps qu’il subissait. Il était temps d’attaquer.

__ Un groupe de cavaliers avance vers nous, intervint Elthalion.

Le roi se jucha debout sur sa selle, sans craindre de perdre l’équilibre et regarda au loin. Une trentaine de cavalier approchaient effectivement, tous en armure et armés.

__ Nous ignorons leurs intentions, mais elles risquent au vu des derniers jours de ne pas êtres commodes, commenta la reine. Nous devrions battre en retraite.

__ Hors de question ! rugit le roi. Nous les affronterons !

Et il sorti son épée, banda son imaginaire. Elthalion l’imita. Ce n’était pas de l’arrogance de la part du roi, davantage du réalisme. Leurs chevaux avaient longtemps galopés depuis Shive, pour distancer ce qu’ils avaient nommé la Poursuite Nuageuse ; leurs assassins. Les chevaux n’étaient pas en état de fuir.

Les cavaliers ne les encerclèrent pas, à leur grande surprise. Ils formèrent une simple ligne devant eux. Celui de tête, vêtu d’une armure plus richement décorée et d’un pourtour de fourrure, s’avança vers eux. Il avait la mâchoire carré mangée par une barbe brune et le visage taillé au couteau d’un homme qui a vécu durement. Il ouvrit grand les bras et hurla, si spontanément qu’ils en sursautèrent.

__ Seigneur des Labyrinthes ! Quel soulagement de vous trouver en vie ! Quelle chance d’être arrivé à temps !

Le roi ne fondit pas pour autant de joie.

__ Que voulez vous dire ? A qui ais je l’honneur ?

__ Je suis le seigneur Sarrail, actuel dirigeant de Téhina. Vous vous dirigez droit vers Selvition et Vaitiaire, c'est-à-dire droit vers la mort. L’une comme l’autre ont juré votre perte et leurs soldats se tenaient prêts à vous tuer dès votre arrivée. J’ai galopé sans relâche pour vous soustraire à ce destin funeste. Venez mon ami ! Venez ! Ensembles, virons donc ce griseux de dragon hors de l’onirisme !

Un allié donc. Le roi et Elthalion se déridèrent un peu. Après tout, s’ils avaient voulu les tuer ils auraient pu sans difficulté.

__ Laissez moi vous escorter jusqu’à Téhina. Qui sait quelles rencontres désagréables nous pourrions faire. J’y rassemble depuis un mois une armée pour lutter contre l’empereur d’Indrianée.

__ Toutes les cités que nous avons visité ne semblaient pas le craindre ni avoir envie de le combattre, fit remarquer la reine. Pourquoi ce changement chez vous ?

__ C’est que je ne suis pas des leurs, répondit Sarrail. Je suis originaire des Kernels. Il y a cinq ans, avec d’autres seigneurs kernelites, nous nous unirent contre le joug d’Indrianée. Nous l’avons fait trembler de peur, ce terrible dragon ! Notre puissance égalait la sienne, si elle ne la surpassait pas. Mais cet enfoiré fourbe envoya ses assassins dans la nuit pour nous régler notre compte au lieu d’un honorable combat au champ de bataille. Je me fis passer pour mort après m’être occupé de mon assassin, puis joignit Falaï pour demander de l’aide à ces cités égoïstes. Las ! Je n’eu pas le temps de les convaincre qu’Arrihere le dragon soumettait les Kernels, ma patrie ! J’échu donc, exilé, dans la cité de Téhina, seule des Sept à recevoir les réfugiés, les criminels, la lie de ce monde. Et je m’y tranchais une place, l’idée nette de ma vengeance me guidant, jusqu’à la diriger. Vous aurez en moi le seul allié de Falaï, seigneur des Labyrinthes. Mais nous reparlerons de tout cela une fois arrivés, et que vous vous soyez reposés.

Cela ne l’empêcha pas de continuer de parler, raconter milles histoires et ses trois cents exploits, sa direction superbe de la ville. Il leur expliqua ce qu’elle avait de particulier, au moment même où ils l’apercevaient.

__ Téhina est la plus grande et la plus vieille cité du monde ! Mais ne vous y trompez pas. C’est en réalité un vaste champ de ruines. Les trois quarts de la ville ne sont que décombres qui s’étendent sur des dizaines de kilomètres. Quand au quart vivable et civilisé, il est lui-même perverti par les seigneurs du crime, contre lesquels je lutte ardemment. Ainsi, une petite partie de la ville est constituée d’honnêtes gens. Cela représente tout de même plus de trois cents milles imaginaires, la plus grande population de Falaï ! Une force immense, pour les cités querelleuses. Ah, l’empereur-Dragon lui-même me redoute. Il sait d’où je viens ! Il connait ma détermination à l’abattre ! J’ai amassé des milliers d’hommes en armes, et une véritable fortune. Nous la ferons cette guerre terrible !

Ils s’arrêtèrent sur une colline aux abords de la ville. Téhina s’étala à leur vue. D’aussi loin que porta leur regard, à gauche ou à droite, partout jusqu’à l’horizon, la masse noire immense de la cité rongeait le paysage. Un cadavre de tissu urbain aux dimensions formidables. Tout était en ruines, il régnait une atmosphère de cimetière et des squelettes de tours, par groupes, perçaient ci et là la masse uniforme dévastée.

__ Pourquoi est elle en ruines ? demanda Elthalion.

__ Inhabitable tout simplement, lâcha Sarrail. Peuplée d’on ne sait trop quoi, monstres et fantômes de légendes. Malheureusement, la peur collective a probablement elle-même créée ces créatures de toute pièce. Quand l’imaginaire accouche de cauchemars… Mais à l’origine, les fautifs sont les labyrinthes. Téhina est la plus grande cité labyrinthique au monde. On habite que dans les quartiers où il n’y en a pas. Ou moins. Les ruines sont pleines de portes invisibles qui vous transportent vous ne savez où, et d’où personne ne revient jamais. Vous prenez trente ans simplement en traversant une rue, ou bien vous cessez d’exister parce que le franchissement de cette porte vous a ramené cent ans en arrière. C’est aussi ce qui fait la meilleure protection de la ville. Une armée ennemie se ferait décimer dans les ruines sans même combattre.

Ils pénétrèrent dans la cité par une large avenue non gardée, sans âme qui vive.

__ Suivez bien mon cheval, leur ordonna Sarrail qui avait abandonné le ton fanfaron pour devenir sérieux. Seuls les avertis peuvent survivre à ce chemin. Si vous vous en écartez… je n’ose même pas imaginer ce qui pourrait vous arriver, cela risquerait de se produire.

Tout autour d’eux, ils étaient flanqués en permanence de façades éventrées. Tout était noir ou gris, jusqu’au ciel. On était loin des couleurs explosives d’Oriatia, d’Irmine ou de Shive. Le climat n’en était que plus oppressant. Le roi cru même voir dans les ténèbres des ruines des yeux briller. Mais c’était sans doute son imagination qui lui jouait des tours…

En revanche, il était certain que les corps équarris qui pendaient les bras écartés sur la plupart des tours écroulées étaient réels. Sarrail suivit son regard et sa mine se fit sombre.

__ Prenez garde à ces créatures, les avertit il, ce sont des crucipodes, des monstres qui se font passer pour des humains. Ils crient et gémissent, supplient et vous conjurent de les libérer, de les aider, de leur sauver leur prétendue vie. Ils peuvent même prendre l’apparence d’enfants ou de femmes magnifiques pour vous tromper. Mais ils n’ont pas de peau et sont toujours comme crucifiés au sommet de hautes constructions. Et ils vous tombent dessus et vous dévorent vivants.

__ Les labyrinthes ne les affectent pas ? demanda le roi.

__ Nous pensons qu’au contraire ils sont issus des labyrinthes, si ce ne sont de nos cauchemars. Mais vous savez mieux que moi, seigneur des Labyrinthes, ce que ces étranges monuments peuvent cacher.

Le roi ne dit rien. Ils continuèrent de marcher lentement à travers les décombres, puis finirent par arriver dans ce que Sarrail appela « le Noyau civilisé ». En effet, les bâtiments semblaient déjà plus neufs, en tout cas, entiers. Peu à peu, les rues se remplirent de monde et tout l’environnement témoigna d’une vie plus marquée. Il y avait des couleurs, moins de peur. Les tours étaient intactes et ils purent enfin en apprécier l’architecture. Elles se présentaient toujours par groupes de huit tours rassemblées en cercle, avec une place intérieure au centre. Elles étaient rondes ou hexagonales et leurs toits sévèrement pointus leur rappelèrent les donjons du château Rêveur.

__ C’est moi qui les ai fait reconstruire aussi pointues, leur confia Sarrail. Pour pourfendre un éventuel dragon qui s’y frotterait de trop prêt.

Ils arrivèrent dans ce que les habitants appelaient « le grand trou ». Pour le coup, ils furent stupéfaits. L’endroit portait bien son nom.

La ville s’arrêtait brusquement. Un immense trou de deux kilomètres de diamètre tranchait soudain les bâtiments, comme si quelque dieu avait fait une découpe cylindrique pour emporter un bout de ville ailleurs. Ce puits de géant s’enfonçait à dix bons kilomètres dans la croute terrestre. Sur plusieurs centaines de mètres de profondeur, on voyait toujours des bâtiments. On aurait dit que la ville s’était construite sur d’autres villes, comme Irmine s’enfonçant dans l’océan, Téhina s’enfonçant dans la boue.

C’était autour de ce grand trou que la vie s’était le plus développée. Comme s’il avait aspiré les labyrinthes des environs. Des câbles partaient de très hautes tours pour rejoindre l’autre coté, et des nacelles permettaient ainsi de le traverser sans avoir à le contourner. Il était bien sûr terrifiant de se retrouver suspendu au dessus d’un tel vide, aussi peu de gens l’empruntaient, mis à part les plus pressés. Tous les huit cent mètres autour du trou se trouvait un groupe de huit tours, soit huit groupes en tout. Il y avait manifestement une logique à la disposition des groupes de tours à travers la ville.

Le marché s’était développé aux bords du trou. Un marché exotique comme ils n’en avaient jamais vu. Et pour cause, Téhina était le point de chute de tous les criminels, les aventuriers, les réfugiés, les hors la loi, les fuyards et les laissés pour compte du monde. Il était facile de se faire oublier, de s’y cacher. Il n’y avait pas vraiment de loi et ce n’était pas la direction laxiste de Sarrail qui y changeait quoi que se soit. De fait, des produits de tout horizon se vendaient sur les étales. On y vendait littéralement des rêves, dans des capsules de verre, ou bien des esclaves qui eux n’en avaient plus.

Sarrail les conduisit à un groupe de tours, qui abritaient le gouvernement officiel de la ville. On les leur y avait donné des quartiers confortables. Pour la première fois depuis des lustres, ils pouvaient se reposer dans de vrais appartements ! Ils n’avaient jamais osé rester dans les villes précédentes pour profiter de ce qu’on leur proposait, quand on le faisait.

Après avoir pris congé de Sarrail, ils se concertèrent rapidement sur sa fiabilité.

__ Comme tous les autres, il attend quelque chose de nous, trancha la reine. Seulement l’aider à vaincre l’empereur-Dragon ? J’en doute. Je pense qu’il fanfaronne beaucoup trop et surestime ses capacités. Le Syrménon ne nous a jamais dit que l’empereur-Dragon craignait Sarrail, il ne nous en a même pas parlé.

__ Peut être était ce pour nous cacher à notre seul allié, suggéra Elthalion. Tout comme le Dieu doré ne voulait pas que l’on parte de sa cité, et que l’Airmestre Heifara voulait lui que l’on quitte Falaï. L’un comme l’autre craignait surement que l’on trouve une armée prête à l’emploi et se lance dans la guerre.

__ C’est tout à fait crédible, grogna le roi affalé sur des coussins. Mais d’un autre coté… si l’assassin que nous avons rencontré disait vrai et que le Dieu doré voulait notre protection, n’aurait il rien fait alors que nous nous dirigions droit vers notre mort à Selvition ? L’Airmestre nous a prévenu que le Lumineux de Selvition – supposons que c’est leur dirigeant – voulait notre mort, Sarrail dit donc probablement la vérité. Peut on concevoir que Sarrail soit en réalité du coté du Dieu doré ou du Syrménon et qu’il ait été envoyé pour nous protéger ?

__ Sarrail nous propose de faire la guerre à Indrianée, ce à quoi se sont refusés le Dieu doré et le Syrménon, rappela Elthalion.

__ Ils se sont refusés d’engager leur propre armée, rectifia le roi. Cela leur ressemblerait bien, de nous envoyer tout droit à Téhina pour prendre le commandement de troupes qu’ils ont depuis longtemps préparé au cas où, et tout ça sans se mouiller, pouvant prendre une partie de la gloire en cas de victoire, et n’en subissant aucun préjudice dans la défaite.

__ Peu importe au final, tant que nous avons une armée… dit Elthalion.

__ Cela importe dans le sens où on nous manipule, grinça le roi.

__ Si ces hypothèses sont justes, répliqua la reine. Nous pouvons être devenus totalement paranoïaques et voir des complots là où il n’y en a pas.

__ Mais nous n’avons trop souvent rien vu là il y en avait.

__ Nous verrons bien demain ce qu’il nous proposera.


Le lendemain, le seigneur Sarrail eu la bonté de les surprendre. Il leur expliqua après le petit déjeuner, d’un air vaguement gêné, qu’avant toute déclaration de guerre, ils devaient l’aider à résoudre un problème qui n’avait rien à voir avec toutes leurs affaires. Sarrail leur apparut tel qu’il était réellement. Un homme sans vrai pouvoir, qui avait depuis longtemps laissé la véritable direction de sa ville aux organisations criminelles, lui-même n’étant guère plus qu’un pantin tout juste bon à rassurer les honnêtes marchands naïfs. Il ne le dit bien sûr pas tel quel.

__ Ah ! Ces malfrats sont une véritable épine dans mon pied. Je ne pourrais pas partir l’esprit tranquille, vous comprenez, partir en guerre et laisser ma ville et mes concitoyens à la merci de ces criminels sans foi ni loi. Ce serait le chaos ! Et je ne peux pas non plus engager mon armée contre eux, ils résident dans des zones malfamées très dangereuses, nous risquerions de tout perdre et de ne plus rien avoir à opposer à l’empereur-Dragon.

__ Que pourrais je faire, seul et sans moyens, contre tous ces criminels ? demanda d’une voix las le roi Minotaure.

Sarrail lui jeta un petit regard curieux.

__ Mais vous êtes le seigneur des Labyrinthes, lâcha t-il d’une voix vibrante d’émotion. Et ceci est une ville labyrinthique. Je peux vous mener à la porte d’un labyrinthe. Vous pourrez ouvrir un passage jusqu’au repère des criminels, et guider mes soldats pour les prendre par surprise. Une fois ceci fait, alors plus rien ne nous arrêtera, nous pourrons marcher sur Selvition et Vaitiaire, les soumettre et unifier lentement Falaï avant de croiser le fer avec Indrianée. Pensez à quel point nos ennemis seront terrifiés en constatant que vous pouvez utiliser à votre guise le pouvoir des labyrinthes.

__ Sans nul doute, gronda le roi qui pensait à autre chose.

Pourrait-il utiliser le labyrinthe pour retourner chez eux ? Parviendrait-il à le maitriser ? Il sentait quelque chose en lui qui grognait. Le minotaure à qui il avait pris le corps n’attendait qu’une chose, qu’il retourne dans son foyer bien aimé, ce cocon douillet d’une zone quadridimensionnelle sans soucis. Il s’évertua à le calmer. Le minotaure ronronna, apaisé.

__ Menez moi à ce labyrinthe, annonça t-il avec fermeté et détermination.

Ils furent conduits jusqu’au grand trou, véritable plaie béante dans cette immense carcasse de ville.

__ Il existe une porte sûre, leur dit Sarrail qui semblait presque apeuré. Elle n’entraine aucune détérioration physique ou psychique. C’est une vraie porte qui mène à l’intérieur d’un labyrinthe. Nous ne savons cependant pas où il ressort. Mais, cela ne vous posera pas de problème, n’est ce pas ?

Il lui adressa un regard inquiet. Le roi Minotaure ne dit rien. Ils étaient montés au sommet d’une tour et s’apprêtaient à emprunter une des nacelles qui traversaient le trou. C’était une simple cage d’osier, dont la faiblesse leur rappela le plancher de Shive. Par un jeu de cordages et d’engrenages, elle se déplaçait le long des câbles tendus au dessus du vide.

__ Elle ne peut supporter un poids trop important, lui expliqua Sarrail. Nous ne pourrons être que tous les deux, sieur Elthalion devra rester ici et nous attendre.

__ Très bien, trancha le roi avant que le capitaine ou la reine n’aient pu opposer résistance.

Il fallait tourner une manivelle au centre de la cabine, selon le sens, aiguilles d’une montre ou l’inverse, on avançait vers le vide ou retournait vers la tour. Le vent se mit à souffler comme l’intérieur du volcan de Shive. La cabine d’osier se balançait dangereusement. L’air sifflait, aspiré par le trou phénoménal.

Le roi Minotaure tentait de ne pas regarder en bas. Même sur Shive il ne s’était pas trouvé aussi loin du sol. La lumière elle-même ne parvenait pas jusqu’au fond. Il craignait à tout moment que la corde se rompe et qu’il tombe. Combien de temps durerait sa chute ? Combien de temps pour tomber de dix kilomètres de haut ? Son imaginaire pourrait il le sauver ? Le pire fut lorsque Sarrail arrêta la cabine au centre du trou et lui dit où se trouvait la porte du labyrinthe.

__ C’est une porte invisible qui flotte à environ vingt mètres de notre position actuelle, au dessus du trou. Vous allez devoir vous harnacher à une corde et je vous descendrais jusqu’à elle.

__ Et si cette porte n’existe pas ? lâcha le roi d’un ton aigre.

__ Elle existe n’ayez crainte, je l’ai fait vérifié hier soir, j’ai lancé une poule et elle a disparu.

Le roi ne dit plus rien. Il saisit une corde et se laissa descendre lentement et avec précaution. C’était encore pire que tout. Il n’avait même plus les rebords réconfortants et le plancher de la cabine. Il avait entouré son pied droit de la corde et se tenait dessus, tenant la corde des mains, debout au dessus du vide. Pour ne pas regarder en bas, il laissa ses yeux se balader sur la ville. Il était en dessous du niveau de la chaussée. Des carcasses de bâtiments tranchés net s’étendaient dans les tréfonds de la ville. Il voyait des salles et des couloirs, et même des rues par-dessus lesquelles on avait construit.

Et soudain, il tomba. Son cœur s’emballa si vite qu’il cru faire un malaise cardiaque. Pourtant, la chute ne dura pas plus de deux secondes. La corde tomba, sectionnée, à ses pieds, qui reposaient sur de la pierre, bien dure. Il était à l’intérieur du labyrinthe. Encore une fois.

Au lieu de marbre rouge, c’étaient des couloirs de pierre grise et décrépie qui s’offraient à lui. A l’image des ruines qui constituaient Téhina. Il sentit le minotaure en lui s’agiter. Il invoqua son lien avec les labyrinthes.

A sa grande surprise, le labyrinthe l’accepta. Il avait craint qu’il ne le rejette comme un intrus. Mais la structure le reconnaissait comme un des siens. Elle lui ouvrit ses secrets. Le roi ne fut plus dans le labyrinthe, il fut le labyrinthe lui-même. Et alors que les connaissances s’engouffraient en lui, il comprit que Sarrail s’était trompé. Téhina n’était pas une cité composée de labyrinthes. Téhina était un seul et unique labyrinthe gigantesque. Le grand trou en était la chambre, le cœur. Pour attirer ses victimes, il avait revêtu la forme d’une cité. Mais même les labyrinthes vieillissent, et pour celui-ci qui était le plus vieux au monde, maintenir la ville intacte lui avait demandé trop d’efforts, alors il l’avait laissé s’écrouler.

Le roi comprit la puissance qui s’offrait à lui. Il pouvait sentir tout ce qui se passait dans la ville-labyrinthe. Il sentait Sarrail qui tournait frénétiquement la manivelle de sa cabine pour retrouver le sol réconfortant. Il sentait l’angoisse d’Elthalion qui l’avait vu disparaitre. Il sentait les centaines de milliers d’âmes. Et il savait où se trouvaient les repaires criminels, il les entendait préparer leurs prochains coups. Il savait où se trouvaient tous les pièges du labyrinthe, jusqu’aux monstres qu’il avait créé pour se défendre des intrus.

Sarrail voulait qu’il ouvre des portes jusqu’aux quartiers mafieux à ses troupes, mais c’était inutile. Le roi Minotaure allait faire bien mieux. Il déplaça les pièges du labyrinthe, matérialisa des rebours psychiques sur le chemin de tous les criminels qui virent leur esprit revenir à l’époque où ils étaient encore jeunes et innocents, non corrompus par le mal. Ils s’arrêtèrent, regardèrent avec effarement leur vieux corps en se demandant ce qui leur était arrivé. Il serait facile désormais de capturer tous ces enfants dans des corps aguerris et de les transformer en soldats loyaux.

Mais il n’allait pas s’arrêter là. Il allait montrer au monde entier sa puissance.

Il étendit un rebours temporel et le fit grandir jusqu’à ce qu’il englobe la cité toute entière. Il le modifia pour qu’il ne touche que les bâtiments. Et il l’activa.

Alors le grand trou trembla, vibra. La planète toute entière sembla sur le point de se briser. La ville retrouva en un clin d’œil son aspect qu’il y avait trois milles ans. Les tours se relevèrent et les immeubles se reconstruisirent. Et le trou se combla. Une structure se matérialisa à son emplacement. Les cordages et nacelles disparurent, et Sarrail avait bien fait de se dépêcher. La transformation de la ville avait déclenché une vague de perturbation dans l’onirisme qui allait se répandre sur tout le continent.

Que le monde craigne sa puissance. Le roi Minotaure allait lui faire voir ce qu’était un grand conquérant.

Loin de là, à Oriatia, le Dieu doré tendit l’oreille et sa face d’or s’illumina d’un immense sourire.

__ Il l’a fait ! cria t-il en éclatant d’un rire de pure joie.

A Irmine, le Syrménon, assit devant la baie vitrée, contemplait le fond de l’océan en buvant un liquide bleu. Il ne laissa échapper aucune expression.

Retournant à Téhina, un groupe d’hommes encapuchonnés se trouvait près de la tour où attendait Elthalion. Sous leurs vêtements, ils portaient une armure composée de centaines de petits miroirs entrecroisés. Et ils étaient armés.

__ Il n’est pas encore trop tard pour agir, grogna l’un d’entre eux.

Et milles kilomètres plus loin, en Haut, dans un immense château qui dominait une ville plongée dans la nuit, un homme serra ses poings de colère. Il respira profondément, et se calma progressivement.

__ Il est temps, murmura t-il simplement.[/SPR]
 
Dernière édition par un modérateur:

DeletedUser

Guest
Je viens de lire la première partie, pas évident chez moi. Je trouve cela aussi original cette toute nouvelle forme de récit avec l’esprit, même si je n'arrivais pas à tout comprendre concernant l'imaginaire mais surement pour le suspence. :)

Bravo en tout cas, en plus le roi minotaure, c'est ce qui ma attirer je l'avoue, j'essayerais de lire la suite des que possible avec un commentaire pour chaque partie.
 

DeletedUser

Guest
L'imaginaire en réalité, c'est une forme de magie, tout bêtement. Mais au lieu de nécessiter des formules, des artéfacts, des runes ou des rituels, elle se base uniquement sur l'imagination des individus. Ils peuvent changer le monde simplement en l'inventant autrement. C'est comme si tu regardais ton verre d'eau et te disais "ce serait tellement mieux si c'était du vin, et mieux encore, du vin violet !" et pouf l'eau devient du vin violet.

Mais ce pouvoir de changer le monde selon ses désirs est limité par l'impact des autres esprits. Si une majorité d'esprits ne veut pas que ton eau se transforme en vin violet, alors tu ne pourras pas la changer à ta convenance.

C'est ce qui se passe dans le premier chapitre. Les rebelles désirent que l'épée du roi ne coupe rien, alors elle perd son tranchant. Mais l'esprit plus puissant du roi reprend le dessus et elle devient si tranchante qu'il coupe tout ce qu'il veut. En plus d'un combat physique se déroule donc un combat de la volonté : la plus forte l'emporte. Si tu as un esprit plus fort que ton adversaire et que tu souhaites qu'il se transforme en un monstre invivable, alors seul, il n'y pourra rien et se transformera selon ton désir.

Le paysage est lui aussi sculpté par l'esprit majoritaire des gens. Si la population d'une région est triste et morose, elle va broyer du noir et donc le paysage sera à son image, triste et déprimant. Cf le chapitre "Perdus dans le passé", et le dernier chapitre posté.

Voila en espérant que tout te paraisse plus clair désormais ^^
 

DeletedUser

Guest
J'ai été agréablement surpris par ce nouveau chapitre, enfin une cité querelleuse dont le maître souhaite aider le roi minotaure. Ce rebondissement vient à point.
De plus, la fin du chapitre finit par une interrogation, Quel intérêt le Dieux doré a t'il a ce que le Roi minotaure prenne le contrôle de la cité labyrinthique ? Ça nous laisse penser à de nouveau complots en perspective.
Une petite remarque "enfoiré fourbe" me parait un peu déplacé dans ton récit.

Ombre colorée, je comprends ton besoin de simplifier ton récit en réduisant les décors et l'aspect sentiments des personnages afin de t'adapter au mieux à tes lecteurs. Certains aime les récits rapides moi je préfère les histoires bien établies, mais on voit qu'il y a un véritable travail derrière.
 

DeletedUser

Guest
Teaser, extrait du chapitre à venir :

"Il concentra son attention sur Elthalion – et la reine.

__ Ils disaient la vérité, lorsqu’ils affirmaient ne pas connaitre l’existence du royaume Rêveur. Mais le Dieu doré a effectué des recherches, et il en a retrouvé la trace. J’ai ainsi appris quelque chose qui devrait vous bouleverser.

Elthalion et la reine se préparèrent à cette révélation. Combien de temps s’était-il écoulé entre leur entrée dans le labyrinthe et leur sortie ? Le royaume existait-il encore ? Thélor en était-il devenu roi, le gouvernait-il bien ou au contraire avec égoïsme et mégalomanie ? Ou bien étaient-ils si loin dans le passé que le royaume n’existait pas encore, mille ans trop tôt.

__ L’homme actuellement sur le trône du royaume Rêveur, annonça le roi Minotaure d’un air sombre, est..."


Vous ne saurez la suite qu'après les 5 commentaires réglementaires ! Encore 3 donc n_n
 

DeletedUser

Guest
après avoir lus les 2 premiers chapitres,
je peux dire que l'histoire est intéressante.

"Qu’on apporte un cheval au capitaine de la garde royale, ordonna t-il avant de se tourner vers l’intéressé. Nous allons en parler en chemin voulez vous, sinon nous allons écoper vous et moi d’un torticolis, l’un à regarder en bas, l’autre en haut !"

J'ai adoré ce bout, ça m'a fait sourire^^

Ensuite, j'ai eu un peu de misère avec les noms, mais bon^^ x)

Je trouve pas vraiment d'autres commentaires pour l'instant..
alors je conclu en disant : +1^^
 
Dernière édition par un modérateur:

DeletedUser

Guest
Bonjour,

Je vous navré de vous l'annoncer, mais il n'y aura ici plus de publication du Roi Minotaure. Je me retire en effet de ce forum, pour ne plus y revenir. Je sais que certaines personnes suivaient cette histoire avec plus ou moins d'assiduité, mais étant donné le peu de commentaires je ne peux malheureusement pas les quantifier. Quoi qu'il en soit, je remercie les fidèles lecteurs qui auront apprécié cette lecture.

La lecture et l'écriture, ce n'est pas tant une question de plaisir ou de passe-temps. Pour moi, il s'agit avant tout de créer un monde où s'évader. C'est l'imagination, cette capacité fabuleuse, qui nous permet à tous de nous libérer. La liberté la plus absolue se contracte dans l'imaginaire. Fermez les yeux et laissez vous embarquer dans un autre monde, vivez y les aventures les plus merveilleuses que vous le désirerez.

Ecrire est alors le moyen de consacrer matériellement cette porte vers la liberté. La lecture pour moi, est essentiellement la nourriture de l'imaginaire. La lecture nourrie votre esprit , vous permet de distordre les récits pour les adapter à votre propre volonté et vous mettre à la place du personnage, vous échapper de votre vie pour vivre quelque chose de totalement différent.

Certains diront qu'il est idiot de rêver sa vie, qu'il faut rester les pieds sur terre et profiter de la réalité. Je ne suis pas d'accord. Il n'y a aucun mal à rêver, rêver tout le temps, continuellement. Quand vous voyez la vie que vous désirez s'écrouler sans que vous ne puissiez rien y faire, il ne peut ne vous rester que les rêves pour la rendre meilleure.

Alors rêvez !

Mais ne désirez jamais que la vie soit un rêve. Quelle horreur ! Désirez plutôt que le rêve soit votre vie. Lâchez la bride à votre imagination. Le monde qui nous entoure est magnifique. Regardez le continuellement comme si c'était la première fois. J'ai vu des centaines de fois le paysage de mon trajet de métro jusqu'à ma fac. Mais je le regarde toujours avec des yeux presque émerveillés, même dans la zone industrielle. Car tout peut être magnifique. De la fenêtre de ma chambre que je contemple depuis 20 ans, le tableau semble ne pas avoir changé. Et pourtant ! Il se modifie continuellement. Regardez la course des nuages, ces êtres fantastiques. Regardez les gens qui défilent autour de vous. Partout, vous pouvez imaginer un autre monde.

On a reproché au roi Minotaure de donner l'impression d'arriver en cours d'histoire. Eh bien vous aviez raison. Car les premiers chapitres sont le récit d'un pur rêve que j'ai fais une nuit. Me levant, je l'ai couché par écrit. Et puis j'ai imaginé la suite du rêve. Je suis content qu'il vous ait plu. Je posterais l'oeuvre entière une fois finie et réécrite pour prendre en compte des critiques (notamment sur le manque de description des villes) sur ce forum.

Sachez que lorsque j'écris, que je lis et que j'imagine beaucoup dans la journée, mes rêves de la nuit sont tout de suite fantastiques. Alors si vous ne rêvez pas ou que vos rêves sont mornes, vous savez quoi faire ! Entrainez votre esprit à rêver et il vous emmènera dans des endroits fabuleux, vous fera vivre des aventures immenses.

Bonne journée à vous.
Et faites de beaux rêves.
 

DeletedUser

Guest
Le forum écrits et mythes va perdre une plume de qualité. L'une des rares.
Ce que tu viens d'écrire est de loin ton meilleur texte, selon moi !

Bonne suite et merci de nous avoir fait rêver ! =)

Je ne manquerai pas de te lire sur le forum d'écriture.

Biz
 

DeletedUser14772

Guest
je m'inscrit sur le forum d'écriture juste pour avoir la suite :D
 

DeletedUser

Guest
Vu que ce forum semble revivre un peu, et avec l'autorisation de mon très cher ami OC, je mets la suite, copier/coller du forum d'écriture où elle était postée. L'histoire est terminée, il y a 13 chapitres je crois, 3 encore après celui-ci. Vous pouvez aller sur le forum ci dessus pour lire la suite, ou bien je la posterais ici a votre demande. On me signale qu'en plus une suite au roi Minotaure est prévue, donc si vous avez aimé, vous en aurez encore o/

LE SEIGNEUR DES LABYRINTHES

[SPR]… de vomir. Mais au lieu de provenir de leur estomac et de remonter leur œsophage, cette sensation naissait directement dans leur cerveau, leur donnait l’impression terrifiante qu’il était sur le point de fondre et de leur couler par le nez. Ou plutôt, Elthalion seul, ressenti tout ceci de manière physique. Lui, qui écopa du pire mal de crâne qu’il ait jamais eu, son front lui faisant croire qu’il avait été rempli d’éclats d’acier entre sa peau et l’os, et que l’on pressait le tout, incisait chaque tesson plus profondément dans sa tête, lacérant soigneusement ses nerfs les uns après les autres.

Pour le coup, il vomit véritablement. Même son cœur semblait sur le point d’exploser, battait avec frénésie sans comprendre ce qui venait de se passer. Comme si sa tête ne lui faisait pas déjà suffisamment mal, la reine à l’intérieur hurlait. Coupée de toute sensation corporelle, elle s’était néanmoins prise de plein fouet la décharge psychique, elle qui n’était plus qu’un esprit.

Elthalion sentit la nausée le reprendre, il n’avait jamais été aussi mal de toute sa vie.

__ Calmez vous, de grâce ! Ma reine, reprenez-vous ! la conjura t-il en grognant dans le vide.

__ Ma peau, ma peau ! hurlait-elle. On a déchiré ma peau, mais je la sens toujours, et on en râpe les lambeaux devant moi et je continue de souffrir, même quand il n’en reste que des copeaux, je les ressens toujours, et on les écrase et c’est un million de piques de douleur qui se presse dans ma tête !

__ Ce n’est qu’une illusion, tenta t-il de la rassurer. Vous ne pouvez pas réellement subir tous ces tourments, calmez vous, reprenez vos esprits, vous me communiquer votre douleur et j’en éprouve déjà suffisamment pour toute une vie !

La reine était une personne de sang froid, qui parvenait toujours à rester maitre d’elle-même et de ses émotions. S’était elle écroulée de chagrin quand elle avait cru son mari mort ? Si on avait cessé depuis bien longtemps de l’appeler autrement que « reine » c’est que reine elle était, entièrement, c’était sa personnalité, tout son être. Alors elle se comporta en reine et ignora autant que possible la douleur qui lui était pourtant insupportable. Et ce fut toujours en digne reine qu’elle réfléchie et analysa la situation malgré tout.

Ils se trouvaient au sommet de la tour d’où partait le câble qui avait mené son mari jusqu’à l’entrée du labyrinthe, au centre du grand trou. Mais face à eux, nul trou.

Seulement la plus grande structure qu’ils n’aient jamais vue. Ils en restèrent abasourdis. Elthalion n’eut pas besoin de l’ordre de la reine pour se tordre le cou et tenter d’en apercevoir le sommet. Mais elle culminait jusqu’aux nuages. Cette tour fabuleuse.

C’était une masse de deux kilomètres de diamètre, pour mille mètre de haut. Circulaire, elle se présentait comme une succession d’arcades qui spiralaient sur tout son pourtour jusqu’au sommet, réduisant ainsi peu à peu l’épaisseur de la tour, surmontée d’un dôme éclatant de lumière. Terrasses, passerelles et balcons surgissaient des façades et présentaient leur verdure, leurs jardins suspendus. Des tours de verre constituées de gigantesques mosaïques colorées ponctuaient inégalement ce palais formidable d’une touche d’anarchie.

On avait beau regarder la structure dans son ensemble, on ne voyait pas la logique qui prédominait à son architecture. On aurait dit qu’ils étaient partis d’une base, la spirale qui escaladait le ciel jusqu’aux nuages, et qu’au fil des siècles s’y étaient rajoutés au gré de la fantaisie de ses occupants, qui une cathédrale transparente, qui un mur végétal, jusqu’à cette incongrue cascade que déglutissait en grondant une bouche géante à mi-hauteur, et qui disparaissait plus bas d’une façon mystérieuse.

On comprenait désormais le besoin qu’avait eu la ville de s’étaler sur toute une région, comme pour échapper à l’ombre de cette immense bizarrerie architecturale. Mais une question demeurait : comment un tel édifice avait il pu disparaitre et ne laisser à sa place qu’un trou insondable jusqu’aux profondeurs de la croute terrestre ?

Ce fut Sarrail qui en apporta la réponse, lui qui tremblait encore de tous ses membres et qui avait vu la cabine d’osier dans laquelle il se trouvait quelques minutes encore se faire broyer par la soudaine irruption d’un bâtiment. Il regardait la structure, courbé en deux par les nausées, mais les yeux brillants de fascination.

__ Quand je suis arrivé ici, on m’a conté les légendes urbaines qui façonnent son histoire. Et quand j’ai demandé l’origine du grand trou, on m’a expliqué celle-ci : il y a de nombreux siècles de cela, était Evren, le premier véritable Seigneur des labyrinthes. C’était lui qui contrôlait et régulait tous les labyrinthes de la cité, et la rendait ainsi à la fois prospère et imprenable. C’était une époque où Téhina régnait sur un empire plus grand que Falaï ou Indrianée. Mais légion étaient ceux qui désiraient son pouvoir. Après des années de conflit, Evren le Seigneur des labyrinthes en eu assez et pour fuir les vicissitudes du monde qui l’accablaient, il utilisa la puissance des labyrinthes pour extirper son palais du sol et s’envoler vers les étoiles. A la suite de quoi, Téhina fut plongée dans le chaos et son empire s’écroula.

Il se tut, ses yeux soudain pleuraient sous l’effet de crampes d’estomac.

__ Quoi qu’ait fait le roi, nous n’en sommes pas sortis indemnes, constata Elthalion.

__ Il a reconstruit la ville, nous étions à l’épicentre de la déflagration imaginaire qu’il a ainsi causé. Nous sommes forts, de constitution et d’esprit, nous avons survécu. Mais je n’ose pas penser à toutes les personnes plus faibles qui se trouvaient en ville et qui en sont sans doute mort, regretta la reine. A quoi pensait il donc ?

__ La chose est bonne mon ami, reprit Sarrail qui n’avait pas noté le ton différent dans la conversation solitaire qu’avait mené Elthalion. Nous n’en attendions pas moins d’un Seigneur des labyrinthes, qu’il redonne à la cité tout son éclat d’antan. Et quel palais, digne d’un grand roi !

__ Vous doutiez de sa parole, vous n’étiez pas sûr qu’il maitrise réellement les labyrinthes, lui reprocha Elthalion.

__ Reconnaissez que c’était bien naturel. Jusqu’alors, vous n’aviez fait que parler et quémander de l’aide, sans jamais montrer de quoi vous étiez capable. La puissance des labyrinthes intéresse beaucoup de monde, et il fallait s’assurer que vous ne mentiez pas.

Elthalion s’avança, la main sur son épée. Il s’était déjà parfaitement remis du traumatisme, mais Sarrail chancelait encore, le regard vague, l’air fiévreux.

__ Vous en revanche, ne nous avez pas tout dit. Vous parlez comme si vous n’étiez pas seul derrière tout cela. Alors, gronda t-il et saisissant l’homme par le col, qui sont vos maitres, quel est votre plan ?

__ Vous avez fait le jeu du Dieu doré, déclara une voix derrière lui.

Il poussa Sarrail par terre et fit volte-face en dégainant son épée. Une dizaine d’hommes avaient grimpés jusqu’au dernier étage de la tour où ils se trouvaient et avaient bloqué toutes les issues sans qu’ils ne le remarquent. Des assassins ? Elthalion en doutait. S’ils en avaient la discrétion des gestes, ce n’était pas le cas de leur tenue.

Tous revêtaient une armure entièrement constituée de petits miroirs gros comme des ongles, entrecroisés et enlacés successivement comme des écailles. Le moindre rayon de lumière qui les frappait était reflété par tous les miroirs et faisait luire leurs armures comme si la lumière émanait d’eux. C’était loin d’être la meilleure façon de passer inaperçu, et ils ne comprirent pas bien l’utilité d’un tel dispositif.

__ Selvition, déduisit rapidement la reine d’un ton lugubre.

Elthalion bouillonnait. Ils se retrouvaient une fois encore pris dans les machinations impénétrables du Dieu doré. Il commençait à trouver que ce nom lui allait de mieux en mieux. Omnipotent, omniprésent, surpuissant. Ils s’étaient mis en quête d’alliés pour vaincre Arrihere l’empereur-Dragon d’Indrianée avant qu’il ne menace leur royaume, mais le Dieu doré n’était il pas au final leur seul véritable ennemi ? Il n’avait certes jamais été menaçant à leur égard, veillant au contraire à leur protection. Mais dans l’unique but de les manipuler pour servir ses desseins.

Qu’étaient-ils au juste ?

La reine suivait un tout autre raisonnement. Ils savaient deux choses de Selvition, la sixième cité de Falaï. Elle était dirigée par un homme surnommé « le Lumineux », et ces hommes brillant devaient donc en faire partie. Et elle leur était hostile, désirait leur mort. Mais elle ne pensait pas qu’il y avait quoi que se soit de personnel là dedans, après tout, ils ne leur avaient rien fait. Si Selvition s’opposait au Dieu doré, et que le Dieu doré désirait les protéger, il était normal que Selvition prenne le revers et cherche à les tuer. Il leur suffisait alors de prouver qu’ils n’étaient pas les pantins d’Oriatia pour faire de Selvition leur alliée.

Comme s’il avait suivit son raisonnement muet, l’homme qui les avait interpellé s’avança pour prendre la parole à nouveau. La seule chose qui le différenciait des autres soldats, était qu’il brillait davantage qu’eux.

__ Vous pouvez ranger votre arme, capitaine Elthalion, nous ne souhaitons plus votre mort. Notre mission était de vous empêcher de parvenir jusqu’à un labyrinthe, et nous venons d’échouer. Nos assassins ont été tués, l’Airmestre Heifara n’a pas pu vous convaincre de partir, et cette vermine ci a réussi à vous intercepter avant nous.

Du menton il désigna avec mépris Sarrail qui avait été capturé par deux soldats le tenant fermement.

__ Le Dieu doré est parvenu à son premier objectif malgré tous nos efforts, un labyrinthe a été ouvert et ses secrets ne demandent qu’à être dévoilés. Il est désormais inutile de se combattre, nous n’avons plus rien contre vous. Au contraire, il est nécessaire de réparer cette erreur. Menez nous à votre roi, qui a enclenché les engrenages de l’Histoire, afin que nous parvenions ensemble à une solution, avant que le chaos ne s’empare de ce monde.

__ Il est hors de question que nous vous fassions confiance… cracha Elthalion, mais il ne put terminer sa phrase que l’environnement changea soudain.

Il cligna des yeux pour s’adapter à la luminosité nouvelle. Elle éclatait de partout. Et pour cause.

Ils se trouvaient dans une verrière immense, cents hommes y auraient facilement tenus. Les murs de verre étaient joints entre eux par des coulures d’or et montaient jusqu’à cinq bon mètres de haut, après quoi c’était un dôme de vitrail en mosaïque multicolore qui servait lieu de plafond. La lumière filtrée par les carreaux de pastel tombait alors sur ceux en une douce pluie de traits polychromes.

Le sol était un vaste assemblage de tesselles en céramique aux motifs concentriques, des successions de spirales et de tourbillons, comme si le parterre était en pleine tourmente, contrastant superbement avec la tranquillité apaisée du lieu.

Des oiseaux étaient rentrés et avaient fait leur nid dans les arceaux d’or qui soutenaient le dôme. C’était le seul bruit que l’on entendait, leurs petits cris et leur chant rêveur. Ils volaient d’un coin à l’autre de cette grande véranda, puis sortaient par la baie ouverte qui donnait sur les nuages.

Puisque la salle était vide et qu’il n’y avait que là où aller, Elthalion et les lumineux, sans se concerter, marchèrent prudemment jusqu’à cette unique ouverture. Une fois leurs yeux habitués au nouveau changement de luminosité, ils constatèrent qu’ils se trouvaient sur une grande terrasse qui entourait la verrière, un jardin de pelouse coupée court et d’arbres immenses dont les racines délogeaient les dalles des allées.

Ils étaient au sommet de la tour, en plein dans les nuages, il faisait froid à une telle altitude, le vent sifflait désagréablement à leurs oreilles et pourtant, c’était magnifique. Téhina s’écrasait à leurs pieds, et tout le pays de Falaï au-delà. Un homme contemplait la même chose qu’eux. Un adolescent torse nu avec un casque de taureau à ses pieds. Malgré cela, lorsqu’il se retourna et planta son regard dans leurs yeux, qu’il semblait vieux ! Une puissante maturité imprégnait ses traits juvéniles.

__ Je sais tout, dit-il, et cela résonnait comme une condamnation. J’ai pu lire la mémoire du labyrinthe, la mémoire de la ville. Je sais ce que Sarrail y manigançait, et ce qu’il nous a tu. J’ai entendu votre conversation. Vous avez raison, Lumineux, Sarrail a été envoyé par le Dieu doré pour nous emmener ici et lui ouvrir la voie des labyrinthes. Cela fait des années qu’ils tentent en vain de les contrôler. L’un comme l’autre n’était pas sûr que j’y parvienne, mais le Dieu doré est joueur, et il a décidé de parier sur moi, sur le hasard et l’incertitude, quitte à ce que son attention soudaine à mon égard ne déclenche les inquiétudes de ses rivaux et aggrave les tensions préexistantes.

« Sarrail n’est qu’un pion, c’est le Dieu doré qui contrôle véritablement Téhina, perturbant le délicat échiquier des équilibres politiques de Falaï. L’armée qui y réside est à ses ordres et ne m’obéira jamais, quant à la véritable armée d’Oriatia, si redoutée, elle campe en lisière de la cité, prête à agir.

« Je me demandais comment nos interlocuteurs pouvaient en savoir tant sur nous, voir davantage que nous. Pourquoi tous avaient un coup d’avance, si ce n’est plus. En lisant la correspondance de Sarrail, j’ai découvert l’ampleur du réseau d’espionnage qui quadrille, non seulement Falaï, mais aussi Indrianée, et une grande partie du continent, s’étendant même jusqu’à un continent dont j’ignorais l’existence auparavant.

Il concentra son attention sur Elthalion – et la reine.

__ Ils disaient la vérité, lorsqu’ils affirmaient ne pas connaitre l’existence du royaume Rêveur. Mais le Dieu doré a effectué des recherches, et il en a retrouvé la trace. J’ai ainsi appris quelque chose qui devrait vous bouleverser.

Elthalion et la reine se préparèrent à cette révélation. Combien de temps s’était il écoulé entre leur entrée dans le labyrinthe et leur sortie ? Le royaume existait il encore ? Thélor en était il devenu roi, le gouvernait il bien ou au contraire avec égoïsme et mégalomanie ? Ou bien étaient ils si loin dans le passé que le royaume n’existait pas encore, mille ans trop tôt.

__ L’homme actuellement sur le trône du royaume Rêveur, annonça le roi Minotaure d’un air sombre, est mon père. Nous sommes quarante deux ans en arrière. Vous n’êtes même pas encore né, Elthalion, ni vous, ma reine. Quant à moi, j’ai seulement quatre ans. Le royaume est pitoyablement faible, économiquement et militairement, les labyrinthes qui jonchent les sous-sols du château n’ont même pas encore été redécouverts. De fait, le Dieu doré n’a pu établir aucun lien entre nous et cette contrée, et il pense que nous avons menti, énoncé un pays au hasard aussi loin possible afin de cacher notre véritable origine. C’est une chance, car cela protégera notre royaume.

Il racontait cela sans même se soucier de la présence des soldats de Selvition. Lorsqu’il avait parlé de la reine, ils avaient regardé autour d’eux d’un air surpris, sans en trouver de trace. Après tout, lorsqu’elle parlait à travers Elthalion, c’était toujours la voix d’Elthalion.

__ C’est un soulagement, dit la reine, de savoir que notre pays est sain et sauf. Quatre décennies sont cependant un gouffre qu’il sera difficile de franchir pour retrouver notre époque. A moins que… que tu ne puisses utiliser les labyrinthes de Téhina pour nous ramener chez nous ?

__ C’est tout à fait possible, mon aimée, répondit le roi, et les lumineux regardèrent tour à tour l’adolescent et Elthalion en fronçant les sourcils, taraudés par l’incompréhension. Etait ce le capitaine, la reine ? Etait ce un double titre issu d’une contrée étrange, ou bien Elthalion n’était il pas un homme comme ils l’avaient pensé… mais une femme ? A la voix et aux manières très masculines… Ils renoncèrent à comprendre.

« C’est d’ailleurs bien mon objectif, continua le roi qui ignorait toujours les soldats. Nous n’avons que trop vadrouillé et pataugé dans un conflit qui ne nous regarde… presque pas. Il demeure deux ennemis que nous devons combattre pour préserver le futur de notre royaume.

« Le Dieu doré convoite depuis toujours le pouvoir des labyrinthes, qui permettent de se jouer de l’espace et du temps, et d’établir un empire défiant les âges et les puissances. On peut nous reprocher de l’avoir aidé en ce but, comme veulent le faire nos amis de Selvition, cependant il ne faut pas se leurrer. Mon action, le réveil de ce labyrinthe, n’a fait que hâter un destin inévitable. Le Dieu doré est fort et intelligent, si je suis parvenu à contrôler un labyrinthe, il y serait lui aussi arrivé après des années d’études approfondies. Nous aurions été menacé un jour par son ambition, il convient donc de la stopper ici et maintenant.

« Reste également notre premier ennemi, qui ne nous a jamais rien fait, mais projette de dominer tout ce que ce monde compte d’habitants. L’empereur-Dragon, un ennemi de l’ombre que nous n’avons pas encore vu agir. Mais les rapports qui sont parvenus à Sarrail et que j’ai lu sont formels : le Dieu doré a commis une erreur. Dans le but d’aveugler son adversaire, il a fait éliminer tous les espions de l’empereur-Dragon en Falaï. Privé de toute information, celui-ci a manifestement dû croire que le Dieu doré allait s’approprier la puissance des labyrinthes et il a fait progresser ses armées. Il s’apprête à envahir Falaï pour stopper le Dieu doré avant qu’il ne soit définitivement plus fort que lui. Et l’activation de ce labyrinthe a projeté dans le monde entier, une vague onirique qui a certainement alerté Arrihere. La situation est d’autant plus troublée pour le Dieu doré, que son armée se trouve ici, et non à Oriatia.

Le roi Minotaure se tut un instant, le temps de les laisser digérer sa longue tirade. Le monde bougeait soudain, remplit de bouleversements. Ils se sentaient écrasés par l’ombre qui enténébrait leur vie depuis ces dernières semaines, l’ombre de cette menace pesante, l’empereur-Dragon puis le Dieu doré. La brève joie qu’avaient éprouvés la reine et Elthalion à la perspective de retourner chez eux, en était presque anéantie.

__ Falaï va entrer en guerre, conclut le roi. Trois camps s’opposent déjà. L’empereur-Dragon Arrihere à la tête d’Indrianée d’une part, le Dieu doré d’Oriatia, soutenu par le Syrménon d’Irmine et les forces de Téhina de l’autre, et puis moi, le roi Minotaure avec la seule puissance des labyrinthes. Et vous, Lumineux, de quel coté vous rangerez vous ?

C’était la première fois qu’il daignait reconnaitre leur existence. Le Lumineux le considéra un long moment, comme s’il le jaugeait. Il ne voulait pas laisser paraitre qu’il avait été lui aussi sonné par l’ampleur de ce qui les attendait. Il avait beau être au courant de la majorité de ces faits, les voir énoncés d’une manière aussi explosive était troublant.

__ Selvition, Vaitiaire et Shive se rangent depuis toujours du coté de la préservation de l’ordre face au chaos, dit-il finalement. Aucun de nous n’accepte d’être dominé, que ce soit par l’empereur-Dragon ou le Dieu doré. Nous tenons à notre indépendance, et à notre liberté. Si vous me promettez de la respecter, alors nous vous soutiendrons.

__ Vous parlez au nom des deux autres cités ? demanda le roi en confirmation.

__ L’Airmestre Heifara n’engagera aucun soldat, mais il a les moyens financiers de soutenir une longue guerre. Quant à Vaitiaire, leurs forces nous sont depuis longtemps acquises, ils se remettent à mon jugement.

__ La guerre ne s’éternisera pas, annonça le roi Minotaure. Elle se conclura en une seule bataille qui remettra à leurs places respectives chacun des camps. Nous renverrons l’empereur-Dragon d’où il vient, circonscrirons le Dieu doré à ses falaises. Ils sont tous les deux trop puissants pour être vaincus sans un gigantesque massacre… pour l’instant.

__ Vous avez un plan, constata Elthalion avec un sourire.

__ Oui, dit le roi Minotaure. J’ai un plan. Un plan qui s’écoule sur plus de quarante ans.[/SPR]
 

DeletedUser

Guest
Grillé :-D
Faudrait que je commence ce récit une fois, j'en ai eu de bons échos. Y a moyen que tu me transmettes un format pdf ?
 

DeletedUser

Guest
J'ai aucune idée de comment le mettre en pdf ^^ Mais si tu m'expliques et me donne une adresse où te l'envoyer, ça sera possible.

Edit : ok j'ai réussi, envoi moi par mp l'email.
 
Dernière édition par un modérateur:

DeletedUser

Guest
ça me fait plaisir de voir que malgré un an d'inactivité ce sujet n'a jamais été fermé. Mes sujets sont infermables. mouahaha.
 
Statut
N'est pas ouverte pour d'autres réponses.
Haut